Je meurs en soldat régulier de l’armée française
de libération » : tels sont quelques mots de la dernière
lettre que Missak Manouchian adresse à sa femme, Mélinée,
avant d’être exécuté, au Mont Valérien,
le 21 février 1944. Une lettre qui inspirera, comme «
l’Affiche rouge », le poème d’Aragon, immortalisé
par Léo Ferré.
Né en 1906 à Adiyaman, dans l’Empire ottoman,
il a été profondément marqué par son identité
arménienne, d’autant plus qu’à l’âge
de neuf ans il voit ses parents et une bonne partie de sa famille
massacrés par les Turcs. Il est -finalement recueilli avec
son frère dans un orphelinat, en Syrie, pays sous mandat français,
ce qui le conduit tout naturellement en métropole en 1925.
Cet ancrage identitaire se retrouve dans son engagement politique
et culturel : il fonde deux revues littéraires et rejoint le
PCF en 1934. Cette convergence se fait sans difficulté, car
le PCF offre alors, avec la MOI (main-d’œuvre immigrée),
un vecteur d’intégration dans la société
française tout en respectant les identités d’origine.
Il prend, après la débâcle, la direction de la
section arménienne de la MOI. Mais il est surtout connu pour
sa résistance militaire : en février 1943, il rejoint
les FTP-MOI où, en août, il succède à Boris
Holban comme responsable militaire pour la région parisienne,
quand ses maigres troupes (65 tout compris) sont les seules à
mener la lutte armée à Paris. Il est vrai que la police
parisienne a fait des ravages. C’est elle qui, après
des mois de filature, démantèle le groupe.
Les Allemands souhaitent profiter de cette vaste rafle pour lancer
une campagne de propagande antisémite et xénophobe.
Tel est l’objet de « l’Affiche rouge » placardée
au moment où 23 membres du groupe sont jugés. Elle manquera
son but puisque l’affiche suscitera un grand mouvement de sympathie
dans la population et restera comme le symbole du combat des étrangers
contre l’Occupation.